Le pas des générations
Abstract
Là où la sienne le suit plus difficilement, le quitte même, la génération suivante trouve Ferron. Serait-ce trop le solliciter que de lire en ce sens l'aveu de Philippe Haeck: «Mon Ferron n'est pas celui des Contes; je ne les ai pas encore lus. C'est celui des récits: Les Confitures de coings, Le Ciel de Québec, L'Amélanchier »1? Une telle interprétation des choses n'est-elle pas encouragée par l'attitude de Ferron préférant ouvertement à l'intelligentsia de Cité libre celle de Parti pris, saluant avec un plaisir non feint les jeunes écrivains et écrivaines? [...]References
Philippe Haeck, «La fondation fantastique», Voix et images, 8, 3
(printemps 1983): 428. Cet article a été repris dans La Table d'écriture.
Poétique et modernité. Essais, Montréal, VLB éditeur, 1984, pp. 305-
Jacques Ferron/Pierre L'Hérault, 9 entretiens avec Dr Jacques Ferron,
inédit, p. 350.
Jacques Ferron, Du fond de mon arrière-cuisine, Montréal, Éditions du
jour, 1973, p. 143.
Cette liste n'est évidemment pas exhaustive, ni en ce qui touche les
auteurs, ni en ce qui touche les revues ou lieux de publication. Pour
être un tout petit peu moins incomplet, il faudrait, par exemple,
ajouter les revues Liberté, La Barre du Jour, La Revue socialiste ...
Quant aux réserves de ses «congénères», j'en avais repéré un certain
nombre dans mon Jacques Ferron cartrographe de l'imaginaire
(Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, («Lignes
québécoises»), 1980). Voir en particulier la note 1 de la page 11. ·
Victor-Lévy Beaulieu, «Jacques Ferron. Notre énorme solitude», Le
Devoir, 27 avril1985, p. 19.
Simon Harel, Le Voleur de parcours. Identité et cosmopolitisme dans
la littérature québécoise contemporaine, Montréal, Le Préambule,
Pierre L'Hérault, «Ferron l'incertain: du même au mixte>>, dans Simon
Harel (dir.), L'Étranger dans tous ces états. Enjeux culturels et
littéraires, Montréal, XYZ, 1992, pp. 39-51.
«C'est l'oeuvre dont je rêvais. D'ailleurs que j'ai vendue avant de l'avoir
écrite et pour laquelle je me suis fait donner une bourse de 18 000$ par
le Conseil des Arts [ ... ]. Je me suis dit: "Puisque je fais Le Pas de
Gamelin, je vais me faire donner une bourse pour l'écrire"»
(Ferron/L'Hérault, 9 entretiens, op. cit., p. 294).
Ferron/L'Hérault, 9 entretiens, ibid., pp. 274 et 295. «Oui, je me suis
approché du sujet, mais quand j'ai voulu y entrer, quand j'ai voulu
passer Le Pas de Gamelin, là j'ai fait un échec monumental. J'ai fait. un
livre qui n'avait ni queue ni tête, que j'ai repris et qui est presque achevé
[ ... ].Parce que je me suis rendu compte de ceci, que de la folie, oui, on
peut en parler cas par cas, mais qu'il ne faut pas essayer d'en avoir une
vue d'ensemble ou de la voir de loin» (p.274). Plus loin il ajoute: <
n'ai pas su quel ton prendre. Il aurait fallu que je cite, que je m'efface,
alors que je suis resté trop présent, mais d'un autre côté, non, je ne
m'explique pas ... Enfin, ça a été un désastre» (pp. 294-295).
«[ ... ] j'en ai fait le commencement et la fin. Tel qu'il est, ça peut faire un livre que peut-être je grossirai de l'intérieur, mais ce n'est pas fait du tout de la même façon. C'est écrit avec prudence, avec une distanciation
et en pensant au lecteur» (ibid., p. 295).
Ibid., pp.84-85. Ferron revient à plusieurs reprises sur ce «débat>>.
Par exemple ceux d'Octobre 70 qui mettent en particulière évidence, à
travers les rôles respectifs tenus par son condisciple Pierre Trudeau,
premier ministre, qui impose la loi des mesures de guerre et lui-même,
visité sans mandat par la police, en vertu de cette loi et agissant, à la
demande d'un groupe de felquistes, comme intermédiaire entre eux et la
police.
3 Il serait intéressant de se demander dans quelle mesure et, surtout,
comment ce deuil esthétique double le deuil de la mère présent lui aussi
tout au long de l'oeuvre.
Du fond de mon arrière-cuisine, op. cit., p.143.
Ibid., p.146.
Jacques Ferron, «Lettre à Pierre Baillargeon», [1948], Escarmouches.
La longue passe, tome 1, Montréal, Leméac, 1975, pp. 14-15. Il lui
arrivera plus tard de distinguer quelques «justes», dont nommément
Pierre Vadeboncoeur (Escarmouches. La longue passe, tome 2, p.144).
Ibid., pp. 15 et 18.
Jacques Ferron, «Appendice aux Confitures de coings», Les Confitures
de coings et autres textes, suivi du Journal des Confitures de coings,
Montréal, Parti pris, 1977, p. 106.
Escarmouches. La longue passe, tome 2, op. cit., p. 169.
«Il en était rendu à Rotrou gui le charmait plus que le grand Corneille»
(Jacques Ferron, Le Saint-Elias, Montréal, Les Editions du Jour, 1972,
p. 63). Ferron partage le sentiment de son personnage: «[ ... ] j'ai lu
[Rotrou] un peu émerveillé» (Ferron/L'Hérault, 9 entretiens, op. cit.,
p. 211).
1 Il en est encore question d'une façon importante dans sa préface à
Collin-Maillard de Louis Hémon (Montréal, Les Éditions du Jour,
, pp. 9-30). Texte contemporain du Saint-Élias, sans doute un peu
antérieur puisque Ferron a connu Rotrou par Hémon: «[ ... ] j'ai lu
[Rotrou] parce que je me suis mis à m'intéresser à Louis Hémon»
(Ferron/L'Hérault, 9 entretiens, op. cit., p. 211). J'ai traité plus
abondamment de cette question du baroque et de la référence à Rotrou
dans un texte de 1989, mais toujours «à paraître», intitulé «Le texte
métis ou l'oeuvre mineure selon Ferron»·.
Ferron/L'Hérault, 9 entretiens, op. cit., pp. 206-207.
Du fond de mon arrière-cuisine, op. cit., p. 186.
André Major, «Jacques Ferron ou la recherche du pays», Liberté, 5
(mars-avril 1963): 95 et 96. Il faudrait encore citer plusieurs textes de
Major, en particulier: «Jacques Ferron, le Jour et la Nuit» (Action
nationale, 55, 1 (septembre 1965): 98-103) et «Jacques Ferron romancier- À la recherche du pays incertain» (Europe, 47,478/479
(février-mars 1969): 56-60). Le témoignage de Major est
particulièrement important puisque c'est par lui que Ferron est allé à
Parti pris: «[Major] a toujours été un animateur, l'air de rien. C'est par
Major que je suis allé à Parti pris » (Ferron/L'Hérault, 9 entretiens, op.
cit., p. 521).
Victor-Lévy Beaulieu, «Sur le sens prodigieux de la mémoire
ferronienne», Le Devoir, 15 juin 1974, p. 16.
Dans Jacques Ferron, Les Contes, édition intégrale, Montréal, L'Arbre
HMH, 1985, p. 1.
«La fondation fantastique», op. cit., p. 428.
<
Victor-Lévy Beaulieu, «Ce que j'aurais tant voulu vous dire, Monsieur
Ferron», L'Illettré, 1, 2 (février 1970): 3.
Victor-Lévy Beaulieu, «SSJB-2: le Duvernay- L'enjeu de Jacques
Ferron: être plus grand que le pays», Le Devoir, 9 décembre 1972, p.
Victor-Lévy Beaulieu, La Tête de Monsieur Ferron ou Les Chians. Une
épopée drôlatique tirée du «Ciel de Québec» de Jacques Ferron,
Montréal, VLB éditeur, 1979, p. 16.
Victor-Lévy Beaulieu, Docteur Ferron. Pèlerinage, Montréal, Stanké,
3 Diffusé par la télévision de Radio-Canada depuis l'automne 1992.
Cité par Victor-Lévy Beaulieu dans Docteur Ferron, op. cit., p. 14.
Ferron/L'Hérault, 9 entretiens, op. cit., pp. 98-99.
«La fondation fantastique», op. cit., p. 433.
7 Ibid., p. 434.
Ferron/L'Hérault, 9 entretiens, op. cit., p. 212.
«La fondation fantastique», p. 434.
Cité par Victor-Lévy Beaulieu, dans Docteur Ferron, op. cit., p. 14.
Ferron/L'Hérault, 9 entretiens, op. cit., p. 521.
Ibid., p. 201.
Ibid., pp. 521-522.
Jacques Ferron, La Nuit, Montréal, Parti pris, 1965, p. 128. Ce
passage n'apparaît plus dans la version subséquente de La Nuit
proposée sous le titre Les Confitures de coings.
Escarmouches. La longue passe, tome 2, op. cit., p. 160. Pour saisir
l'importance de l'éloge, lisons ces deux passages: «Enfin, ce sont des
gens qui sortent du rang.[ ... ] Ici, qu Québec, la grande génération, c'est
la première génération. [ ... ] Mon père est de la grande génération.»
(Ferron/L'Hérault, 9 entretiens, op. cit., p. 36) «Il y a un mouvement
de génération chez nous. La grande génération est la génération qui sort du peuple. C'était la génération de mon père. [ ... ] Une génération
chasse au loin. [ ... ] Elle chasse ses rejetons au loin. À Louiseville, je
n'aurais pu vivre sur le pied de mon père, il y aurait eu nécessairement
déchéance, honte et il y a aussi une espèce de force biologique qui
empêche, sans parler de l'OEdipe, de chasser sur le même terrain que son
père.>> (Ibid., p. 229)
Ibid., p. 89.
7 Ibid., p. 65.
Ibid., p. 378.
Jacques Ferron, Les Roses sauvages, Montréal, VLB éditeur
(«Courant»), 1990, p. 130.
Le Saint-Élias, op. cit., p. 181.
Ibid., p. 105.
Ibid., p. 129.
Ibid. Ferron suggère un double modèle à son idole: [1] «Si vous passez
à Yamachiche, vous regarderez la grosse Sainte-Anne qui autrefois
ornait la façade de l'ancienne église, qu'on a décrochée et [qui] de cette
façon n'a pas passé au feu. Elle est sous verre dans le cimetière. Elle
est vraiment monstrueuse et fait penser à une idole africaine»
(Ferron/L'Hérault, 9 entretiens, op. cit., p. 110) [2]. «Eh bien! non.
Les idoles africaines, c'est mon ami Galipeau, mon voisin de Bellerive
[ ... ]. Il m'a rapporté quelques petites statues de l'Afrique [ ... ]» (ibid., p.
.